En tenant compte de ce qui est dit
dans ce document, je comprends que les cas de Chikungunya vont continuer à
se proliférer. En prenant en charges les personnes infectées, il ne faut
surtout pas négliger de protéger la personne infectée contre toute nouvelle piqure.
Car si les moustiques venaient à piquer cette personne, le risque d'une épidémie
deviendrait plausible.
Le blog traite de l'immoibilier en Haiti. Nous suivons de pres les activites foncieres et les legislations y relatives.
lundi 26 mai 2014
mercredi 7 mai 2014
Qu'est-ce qui différencie l'homme de la femme ?
Extrait du journal Lemonde
Par Florence Rosier
D’un côté, les
sociétés occidentales s’efforcent de tendre vers une égalité des rôles sociaux
entre genres. D’où, par exemple, les ABCD de l’égalité filles-garçons
expérimentées dans le primaire depuis 2013 en France – non sans créer
quelques remous. De l’autre, de récents travaux confirment la subtilité
– et son corollaire, la vulnérabilité – des mécanismes de
différenciation du sexe chez l’embryon. Plus déroutant encore : le
chromosome mâle, le fameux « Y », pourrait être en sursis.
Lire notre article :
Le chromosome Y est-il en sursis ?
Rapprochement
hasardeux, parallèle osé ? Peut-être pas, si l’on admet que ces faits
sociétaux et scientifiques concourent à ébranler le socle de notre vieux
système de distinction entre sexes et entre genres. Le genre, ce sont les
attributions que chaque société fait à l’homme ou à la femme en fonction de son
sexe. Mais les « questions de genre », éclectiques, sont au carrefour
de plusieurs disciplines. C’est qu’elles sont nées de réflexions menées dans
deux domaines distincts : la médecine et la « pensée féministe ».
GENRES MASCULIN,
FÉMININ ET « INDÉTERMINÉ »
Fait historique, la
loi allemande reconnaît, depuis novembre 2013, qu’un être humain peut
n'appartenir ni au genre masculin ni au genre féminin, mais à un genre
« indéterminé ». Avec quelles conséquences, pour un nouveau-né
déclaré sous ce troisième genre ? « Ces situations sont
encore taboues », note Marie-Christine Chaboissier, qui dirige le
laboratoire Inserm...
Qu'est-ce
qui différencie l'homme de la femme ?
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 05.05.2014 à 16h49 • Mis à jour
le 05.05.2014 à 20h24|Par Florence Rosier
D’un côté, les sociétés occidentales s’efforcent de tendre vers une égalité
des rôles sociaux entre genres. D’où, par exemple, les ABCD de l’égalité
filles-garçons expérimentées dans le primaire depuis 2013 en France – non
sans créer quelques remous. De l’autre, de récents travaux confirment la
subtilité – et son corollaire, la vulnérabilité – des
mécanismes de différenciation du sexe chez l’embryon. Plus déroutant
encore : le chromosome mâle, le fameux « Y », pourrait être en
sursis.
Lirenotre article : Le chromosome Y est-il en sursis ?
Rapprochement hasardeux, parallèle osé ? Peut-être pas, si l’on admet
que ces faits sociétaux et scientifiques concourent à ébranler le socle de
notre vieux système de distinction entre sexes et entre genres. Le genre,
ce sont les attributions que chaque société fait à l’homme ou à la femme en
fonction de son sexe. Mais les « questions de genre », éclectiques,
sont au carrefour de plusieurs disciplines. C’est qu’elles sont nées de
réflexions menées dans deux domaines distincts : la médecine et la
« pensée féministe ».
GENRES MASCULIN, FÉMININ ET « INDÉTERMINÉ »
Fait historique, la loi allemande reconnaît, depuis novembre 2013, qu’un
être humain peut n'appartenir ni au genre masculin ni au genre féminin, mais à
un genre « indéterminé ». Avec quelles conséquences, pour un
nouveau-né déclaré sous ce troisième genre ? « Ces situations
sont encore taboues », note Marie-Christine Chaboissier, qui
dirige le laboratoire Inserm génétique de la détermination du sexe et de
la fertilité, à l’université de Nice.
Avant même que l’individu ne se construise socialement et
psychologiquement, le déterminisme du sexe met en jeu, in utero, des processus
génétiques d’une grande délicatesse. « Chez l’embryon, les gonades [ovaires
ou testicules] et les voies génitales sont les seuls organes à être
dotés d’une double potentialité initiale, mâle et femelle à la fois, relève
Eric Pailhoux, spécialiste de la biologie du développement et de la
reproduction à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) de
Jouy-en-Josas (Yvelines). C’est une lutte permanente, lors du
développement de l’embryon, entre les gènes qui font pencher la balance dans le
sens masculin et ceux qui la font basculer dans le sens féminin. »
Mais ce raffinement a son revers : une certaine fragilité, des failles et
des ambiguïtés éventuelles. Fragilité qu’il convient de relativiser : sans la
robustesse globale de ce système, notre espèce aurait-elle survécu depuis
quatre millions d’années ? Cette « solidité ténue » peut
se comprendre : l’équilibre entre sexes est vital pour l’espèce. Si, lors
du développement de l’embryon, la voie femelle devenait trop robuste, la voie
mâle ne pourrait plus l’inhiber – et inversement : l’équilibre entre
sexes serait rompu.
Cet équilibre dépend bien sûr aussi de la balance entre la formation des
spermatozoïdes porteurs d’un X et de ceux porteurs d’un Y. Rappelons qu’un
individu XX est femelle et qu’un individu XY est mâle. Sauf en cas de troubles
du déterminisme du sexe : chez les « intersexuels », le sexe apparent
est en contradiction avec le sexe chromosomique. Une personne XY présente alors
une apparence féminine, une personne XX une apparence masculine. On parle
« d’inversion sexuelle complète ». Ces troubles peuvent provenir
d’anomalies génétiques ou d’exposition à un environnement hormonal perturbant
le développement sexuel.
Dans le manuel Sciences de la vie et de la terre de la
classe de première S, au chapitre « Devenir homme ou femme », figure
l’image troublante d’une protubérance , le « tubercule génital ».
Présent chez l’embryon humain à la fin de la huitième semaine de grossesse, il
constitue l’ébauche des organes génitaux externes. Il est, à ce stade,
strictement identique chez l’embryon mâle ou femelle. Est-ce de cet instant que
tout bascule, côté mâle ou côté femelle ? Non, bien sûr : le destin
sexuel est scellé dès la fécondation, selon que le spermatozoïde est porteur
d’un chromosome X ou Y.
« Je commence souvent mes séminaires en disant qu’on est femme par
défaut, sur le plan des chromosomes sexuels : un individu sans Y devient
femelle, quel que soit le nombre de ses chromosomes », dit Edith Heard, professeure au Collège de France, spécialiste du
chromosome X à l'Institut Curie. Mais, à l’échelle des gènes, cette vérité
chromosomique se mue en contre-vérité.
SRY ET FOXL2, GÈNES DU DÉTERMINISME SEXUEL
L’explication commence avec le façonnage des organes
sexuels internes : il débute, chez l’embryon mâle, à la sixième
semaine et demie du développement. Pourquoi ? Parce que
« s’allume » alors, chez le mâle, un gène primordial du déterminisme
sexuel : SRY, situé sur le chromosome Y. Là est le point de rupture,
l’instant fatidique où tout bascule, précipitant l’embryon vers son destin de
mâle.
Longtemps insaisissable, le gène SRY a été identifié en 1989 par les
Britanniques Peter Goodfellow et Robin Lovell-Badge. Pour cela, ces chercheurs
ont décrypté l’ADN de quatre personnes intersexuelles : une femme XY dont
le chromosome Y avait perdu le gène recherché, et trois hommes XX dont un des
chromosomes X avait récupéré ce gène. En 1993, Ken McElreavey, dans l’équipe de
Marc Fellous (Institut Pasteur, Paris), a postulé que SRY inhibait aussi le
développement de la voie femelle.
« On a longtemps cru que seule l’activation du gène SRY importait. Et que le programme femelle se développait par
défaut, en l’absence deSRY, raconte Marie-Christine
Chaboissier. Mais on sait aujourd’hui que c’est une vision erronée. Il
existe un programme mâle et un programme femelle, respectivement gouvernés par
une cascade de gènes “mâles” ou“femelles”. La cascade mâle
active le développement des organes mâles tout en réprimant celui des organes
femelles – et la cascade femelle fait l’inverse. Au
plan génétique, il est faux de dire qu’on est femme par défaut. » De
quoi mettre du baume au cœur à la moitié XX de l’humanité ?
Le gène SRY a été identifié il y a plus de vingt ans. Mais la cascade de
gènes en aval commence seulement à être connue. L’allumage de SRY déclenche
l’activation du gène SOX9, porté par le chromosome 17 : et ce
gène-clé prend le relais dans le déclenchement de la masculinisation. Peu
après, SRY provoque l’inhibition du gène RSPO1, porté par le chromosome 1, et
cette inhibition bloque le programme de féminisation.
De leur côté, les gènes intervenant dans le programme femelle commencent à
être identifiés. Le 30 janvier, l’équipe d’Eric Pailhoux révélait, dans Current
Biology, l’importance du gène FOXL2 dans la formation des ovaires : ce
gène réprime les gènes du programme mâle et active les gènes femelles. Chez la
chèvre, les fœtus XX n’ayant plus de gène FOXL2 développent des testicules à la
place des ovaires. Le même gène existe dans l’espèce humaine.
DES EXCEPTIONS PAS TOUJOURS RARES
Revenons au programme mâle. Une étude américaine, publiée le 2 septembre
2013 dans PNAS, confirme que le basculement vers un destin mâle
dépend d’un subtil dosage du gène SRY. Une équipe de l’Ohio a suivi une famille
dont le père, bien que porteur d’une mutation du gène SRY, avait un phénotype
masculin et restait fertile. Ayant hérité de la même mutation, sa
« fille » XY montre un cas d’inversion sexuelle incomplète,
n’ayant ni gonade ni sécrétion hormonale. « Pourquoi le même SRY
muté “fait” un mâle chez le père, mais n’a pas masculinisé la
fille ? », s’interroge Eric Pailhoux. « L’activité
de SRY était seulement deux fois plus importante chez le père que chez sa
fille, alors que les auteurs s’attendaient à ce qu’elle soit multipliée par
cent. La variation d’amplitude est très faible », note
Marie-Christine Chaboissier. « La différence entre le père et la
fille pourrait venir d’une variation d’un gène en aval de SRY », estime
Eric Pailhoux.
C’est donc de l’exception que les biologistes ont tiré la règle. Des
exceptions pas toujours rares : « Un à deux pour cent des enfants
présenteraient des troubles du développement des organes génitaux externes,
indique Ken McElreavey, qui dirige aujourd’hui l’unité de génétique du
développement humain à l’Institut Pasteur. Quant aux“inversions
sexuelles complètes”, elles touchent une personne sur 50 000. »
Ces vingt dernières années, son équipe a identifié de nombreux gènes
intervenant dans le développement des gonades chez l’homme. Ce généticien
coordonne une cohorte d’ADN unique au monde : « Nous recevons des
Etats-Unis, d’Egypte, d’Inde, de la France... l’ADN de patients atteints de
troubles du déterminisme du sexe (TDS), dans le but d’établir un diagnostic
génétique. » Dans 70 % des cas, on n’a aucune idée des gènes
en cause.
« Mais cette situation va changer, car nous utilisons de nouvelles
technologies de séquençage de l’ADN à haut débit », dit Ken McElreavey. Le 18 février, son équipe identifiait, dans Human
Molecular Genetics, un gène (FOG2) muté chez des filles XY atteinte d’un
TDS. En 2010, elle montrait qu'une des causes les plus fréquentes d'infertilité
(masculine et féminine) était due à des mutations dans un gène de détermination
du sexe (NR5A1). « Ces études ont un impact direct sur notre
compréhension des causes de l'infertilité humaine, dont la fréquence
augmente. »
Pourquoi, par ailleurs, certaines personnes se ressentent-elles comme
appartenant à l’autre sexe que celui de leur naissance ? Les experts sont
rares, et très peu ont donné suite à notre demande. « On émet
l’hypothèse qu’il puisse exister un substrat biologique à leur condition,
sans que l’on ait trouvé jusqu’ici de cause biologique avérée », avance
Colette Chiland, professeure honoraire de psychologie clinique de l’université
Paris-Descartes.
Selon les données les plus récentes, une personne sur 20 000 serait
concernée par le transsexualisme. Dans les années 1950, trois à quatre hommes
pour une femme demandaient une réassignation de leur sexe. Aujourd’hui il y a
autant d’hommes que de femmes. Un peu plus de 300 personnes se présenteraient
chaque année dans des établissements publics français et 150 se feraient
opérer. Mais certaines personnes transsexuelles s’adressent à des
établissements privés ou vont à l’étranger.
« Jadis, la nature humaine était bien différente de ce qu'elle est
aujourd'hui. Il y avait trois sortes d'hommes : les deux sexes qui subsistent
encore [qui étaient unis comme des siamois] et
un troisième composé de ces deux-là (...), [qui] formait
une espèce particulière et s'appelait androgyne, parce qu'il réunissait le sexe
masculin et le sexe féminin », écrivait, vers 380 avant notre ère,
Platon dans son Banquet.Si ce « jadis » se rapporte aux
premières semaines de vie embryonnaire, la biologie conforte en partie cette
vision. On sait la suite : l’homme défie Zeus, qui, en représailles,
sépare ses moitiés mâle et femelle. Celles-ci n’auront de cesse qu’elles ne
cherchent leur moitié arrachée...
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