Le président de l'Assemblée nationale le sénateur Simon Dieuseul Desras a adressé, à la date du 2 février, une sévère lettre au président de la République Michel Joseph Martelly le tançant de s'excuser après l'esclandre qu'il a causé en la résidence du Premier ministre mercredi soir et les propos grivois qu'il a proféré à l'encontre de parlementaires.
Cette lettre, une première dans notre histoire récente, va peut-être marquer un tournant dans les relations entre le président Martelly et le parlement. Après l'affaire Bélisaire, les bêtises de Musseau vont peser sur l'avenir du pays.
Haïti: Port -au-Prince, le 2 février 2012,
Lettre ouverte au Président de la République son Excellence Monsieur Joseph Michel Martelly
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur, en ma qualité de président du Sénat de la République, de souligner à votre haute attention que votre ascension à la présidence d'Haïti exprime un choix, porteur d'espoir mais pétri d'exigences.
Vous êtes tenus, à l'égal du simple citoyen, au respect des civilités courantes, telles la politesse, la courtoisie, la tolérance qui balisent la proximité et la convivialité humaines.
Vous êtes tenus, au même titre que vos pairs des grands pouvoirs de l'Etat, au respect de l'éthique républicaine.
Monsieur le président, votre comportement, à la tête de la magistrature suprême de l'Etat, a agressé la morale moyenne et consterné un grand nombre de citoyens. Vos propos grivois, vos gestes déplacés, votre propension à la provocation et au scandale ne reflètent pas l'image d'une existence vouée à une cause noble qui déborde l'ordinaire et le commun. Le grotesque des scènes auxquelles vous nous avez habitués, dont celle d'hier soir, à la résidence officielle du Premier Ministre, en présence de nombreux députés et sénateurs, témoigne de votre manque d'étoffe et de votre inaptitude à faire partie de cette galerie d'hommes auxquels la patrie devrait vénération et reconnaissance.
Monsieur le Président, incapable de briller par le respect des principes reçus et de faire montre d'exemplarité, vous ne pouvez être le héros de la jeunesse, ni le monstre d'un peuple adulte, mûri par les épreuves, conscient de sa valeur et de ses mérites.
Néanmoins, Le Sénat de la République, au nom duquel nous intervenons, n'a jamais failli à l'impératif d'harmoniser les relations entre l'exécutif et le législatif pour la bonne marche des affaires de l'Etat, au bénéfice du peuple.
Nous avons, malgré les difficultés, les incertitudes et les errements de la conjoncture, compris l'urgence d'apporter un appui critique à la présidence, au gouvernement, dans le respect de la constitution et de la moralité qui doit guider nos prestations.
L'Institution Parlementaire a souventes fois essuyé les ruades du Président de la République, mais humblement, par respect pour le peuple qui l'a élu, nous avons joué la patience voire la longanimité.
Hier soir, au sortir de la Primature, mortifié, la tête pleine de réflexions apéritives, après avoir été abreuvés d'injures, sans cause ni motif, par le Président Martelly, nous avons estimé, mes collègues et moi, président du Sénat et de l'Assemblée Nationale, qu'il s'agit d'un cas avéré d'outrages, portant atteinte à l'honneur du Grand Corps et du Parlement Haïtien, contre lequel nous élevons la plus véhémente protestation.
Au nom du Sénat de la République, au nom du Parlement, au nom du Peuple haïtien qui nous a mandatés, nous demandons au Président de la République de s'amender et de s'excuser publiquement d'avoir dérogé aux principes élémentaires de morale, d'éthique et de respect de la dignité de nos personnes et de celle de l'institution que nous représentons.
Nous nous réservons, au cas où il persiste à s'enfoncer dans le discrédit et la désinvolture, de recourir aux mesures exceptionnelles que requiert l'extrême gravité du cas dont s'agit.
Que Dieu protège et bénisse notre nation.Source: Le Nouvelliste du 03 fevrier 2012
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