jeudi 5 septembre 2013

Déclaration liminaire du Secrétaire d’État John Kerry au sénat sur la crise en Syrie

 TEXTE OFFICIEL


Ambassade des Etats-Unis d’Amérique
Bureau des Affaires Publiques


Tabarre 41, Boulevard 15 octobre
Port-au-Prince, Haïti

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Le 5 septembre 2013
                                                                       
Déclaration liminaire du Secrétaire d’État John Kerry au sénat sur la crise en Syrie
 
4 septembre 2013
Département d’État des États-Unis
Bureau de la porte-parole
Le 3 septembre 2013
Texte
Déclaration liminaire du secrétaire d’État John Kerry
devant la commission sénatoriale des relations extérieures
Le 3 septembre 2013
Washington, D.C.
Le secrétaire d’État John Kerry - M. le président, mesdames et messieurs les membres de la commission, M. Corker, chef de file des sénateurs de l’opposition à la commission, nous vous remercions vivement de nous recevoir aujourd’hui. Nous nous réjouissons d’avoir l’occasion de vous présenter la vision du président Obama à l’égard non seulement de cette opération, mais également, comme le sénateur Corker s’en est enquis à raison, de la Syrie elle-même et de la ligne de conduite au Moyen-Orient. M. le président, merci d’accueillir Teresa. Il s’agit de sa première participation à un rendez-vous public depuis le début du mois de juillet, et nous nous réjouissons tous de l’avoir à nos côtés.
À l’entame de ce débat, il convient de souligner sans exagération, mesdames et messieurs mes anciens collègues, que le monde n’attend pas simplement de voir ce que nous allons décider. Il attend également de voir comment nous prendrons cette décision – il attend de voir si dans un monde dangereux notre gouvernement peut encore parler d’une seule voix. Le monde veut savoir si les États-Unis sauront se montrer à la hauteur et modifier l’équation.
Comme vous l’avez dit, M. le président, et comme vous l’avez-vous-même réitéré, M. Corker, autoriser notre nation à entreprendre une opération militaire est évidemment l’une des décisions les plus importantes, l’une des responsabilités les plus importantes de cette commission et de tout sénateur pendant sa carrière entière. Le président et le gouvernement vous savent gré d’avoir regagné aussi rapidement la capitale pour aborder cette question et commencer, comme il se doit, à vous pencher sur cette tâche avec beaucoup d’attention et de précision, la seule manière d’évoquer le recours potentiel à la force militaire.
M. Corker, je sais que vous voulez débattre, comme vous l’avez dit, des raisons pour lesquelles la Syrie compte pour notre sécurité nationale et nos intérêts stratégiques, au-delà des raisons humanitaires impérieuses. J’ai hâte de vous les présenter cette après-midi de concert avec le secrétaire Hagel et le général Dempsey.
Mais avant tout, il importe d’expliquer aux citoyens américains pourquoi nous nous sommes ici. Il importe que ceux qui ne disposeraient pas de tous les éléments d’information en raison du week-end de la fête du Travail puissent avec nous tous se concentrer sur les enjeux. C’est pourquoi le président des États-Unis a décidé, contrairement à ce que beaucoup attendaient, de demander au Congrès de s’associer à cette décision. En agissant de la sorte, notre nation est plus forte.
Nous sommes réunis, car, en dépit des nombreux avertissements lancés par le président des États-Unis, le Congrès, nos amis et alliés dans le monde, et même par la Russie et l’Iran, le régime Assad – et rien que le régime Assad, irréfutablement – a perpétré une attaque chimique odieuse contre de ses propres citoyens. Nous sommes ici, car un dictateur et l’entreprise personnelle de sa famille, dans leur acharnement à s’agripper au pouvoir, ont délibérément contaminé l’air de Damas avec un poison qui a tué des mères et des pères innocents et des centaines de leurs enfants, eux dont la vie a été anéantie par du gaz à l’aube du 21 août.
Chose étonnante, certains, ici ou là, ont remis en question les preuves de cette attaque contre la conscience. Ici, aujourd’hui, une fois de plus, je répète que seule une volonté délibérée de ne pas voir la réalité en face peut conduire à déclarer que les faits ne sont pas survenus comme rapportés, ou que le régime n’en est pas l’auteur. Ces faits ont eu lieu – et le régime Assad en est l’auteur.
Bien sûr, je me souviens de l’Iraq. Le secrétaire Hagel s’en souvient. Le général Dempsey s’en souvient tout particulièrement. Mais le secrétaire Hagel et moi et nombre d’entre vous ici présents avons un souvenir particulier de l’Iraq, parce que nous étions ici pour ce vote. Nous avons voté. C’est pourquoi Chuck et moi sommes particulièrement attachés à ne plus jamais demander aux membres du Congrès de voter sur la base de renseignements erronés. C’est pourquoi nos services de renseignements ont passé les preuves au crible, encore et encore. Nous avons déclassifié une quantité inédite d’informations. Et nous demandons au peuple américain et au reste du monde de juger ces informations.
Nous pouvons vous dire, au-delà de tout doute raisonnable, que nos preuves établissent que le régime Assad s’est préparé à cette attaque, a donné des instructions pour préparer cette attaque et a demandé à ses troupes de porter des masques à gaz. Nous disposons d’éléments matériels établissant d’où et quand les roquettes ont été lancées. Aucune roquette ne s’est abattue sur les zones contrôlées par le régime. Aucune. Elles se sont toutes abattues sur des zones contrôlées par l’opposition ou sur des zones contestées. Nous disposons d’une carte, de preuves matérielles, montrant chaque point d’impact – ce sont là des éléments concrets.
Quelques minutes après l’attaque – 90, me semble-t-il, pour être précis, peut-être un peu moins – des images abominables des dégâts occasionnés ont déferlé sur les réseaux sociaux – des hommes et des femmes, des personnes âgées et des enfants, gisaient sur le sol d’un hôpital, sans blessure, sans sang, mais tous morts. Ces scènes de chaos humain et de désespoir ne sont pas fabriquées. Elles étaient bien réelles. Nul n’aurait pu fabriquer de telles scènes.
Nous sommes certains qu’aucun groupe d’opposition n’a ni les armes ni la capacité de lancer une frappe de cette ampleur – surtout depuis le cœur du territoire tenu par le régime. Pensez à la logistique, faites preuve de bon sens. Nos services de renseignements nous disent, avec une confiance élevée, qu’après la frappe le régime a ordonné d’arrêter, et a ensuite redouté ouvertement, nous le savons bien, que des inspecteurs des Nations unies ne découvrent des preuves. C’est alors que le régime s’est évertué à les détruire méthodiquement. Lors d’un entretien avec son ministre des affaires étrangères, qui a soutenu que le régime n’avait rien à cacher, je lui ai déclaré que si c’était le cas, le régime devait autoriser les inspecteurs à travailler immédiatement et sans entraves. Ce n’était pas le cas. Il ne leur a pas permis de le faire. Quatre jours de bombardements se sont écoulés avant que le régime ne les autorise à effectuer leur travail dans un cadre limité et prédéterminé. Nous savons désormais que les échantillons capillaires et sanguins prélevés sur des personnes dans les quartiers est de Damas ont révélé des traces de sarin.
Alors, mesdames et messieurs mes collègues, nous savons ce qui s’est passé. Je veux dire à tous les avocats, à tous les anciens procureurs, à tous ceux qui ont un jour fait partie d’un jury – je peux vous assurer que nous le savons au-delà de tout doute raisonnable, comme quand nous envoyons des gens en prison pour le reste de leur vie.
Alors, nous sommes réunis en raison des faits survenus il y a deux semaines. Mais nous sommes également réunis en raison des faits survenus il y a près d’un siècle, aux heures les plus sombres de la Première Guerre mondiale et parce qu’après l’horreur du gaz comme arme de guerre, la grande majorité des pays du monde s’est rassemblée pour déclarer, sans ambiguïté, que le recours à des armes chimiques signifiait franchir une ligne tracée par la conscience, et qu’il devait être proscrit à jamais. Au cours des années suivantes, plus de 180 pays – y compris l’Iran, l’Irak et la Russie – en sont convenus et ont signé la Convention sur les armes chimiques. Même des pays avec qui nous ne sommes pas d’accord sur grand-chose ont accepté ce principe.
D’aucuns ont tenté de laisser entendre que le débat que nous tenons aujourd’hui porte sur la ligne rouge du président Obama. Je ne pourrais dire avec plus de véhémence que c’est tout simplement faux. Ce débat porte sur la ligne rouge du monde, sur la ligne rouge de l’humanité, et c’est une ligne rouge que quiconque doté d’une conscience devrait tracer.
En outre, ce débat porte sur la ligne rouge du Congrès. Vous, le Congrès des États-Unis, avez accepté la Convention sur les armes chimiques. Vous, le Congrès des États-Unis, avez adopté la Loi relative aux responsabilités de la Syrie [Syria Accountability Act], qui stipule que les armes chimiques de la Syrie sont « une menace à la sécurité du Moyen-Orient et aux intérêts de sécurité nationale des États-Unis ». Vous, le Congrès des États-Unis, avez mis en garde contre les graves conséquences qu’engendrerait un recours aux armes chimiques par Assad tout particulièrement. Alors, M. le sénateur Corker, je vous affirme que c’est l’une des raisons pour lesquelles la Syrie compte.
Alors que nous débattons, le monde nous regarde, alors que vous décidez le monde se demande – non pas si le régime Assad a perpétré la pire attaque chimique du XXIe siècle ; cela ne fait à mon sens plus l’ombre d’un doute – le monde se demande si les États-Unis d’Amérique consentiront, par leur silence, à se tenir à l’écart alors que l’on permet à une telle brutalité de survenir sans conséquence.
Au cours des 100 dernières années pratiquement, depuis le premier engagement mondial contre les armes chimiques, seuls deux tyrans ont osé franchir la ligne la plus claire au monde. Bachar al-Assad est aujourd’hui le troisième. Et je pense que vous savez tous que l’histoire voue ces criminels à l’infamie et qu’elle n’a que peu de compassion pour ceux qui leur ont permis d’agir.
Alors, la réalité, c’est la gravité du moment. Voilà l’importance que revêt la décision que ce Congrès doit prendre et que le monde attend de connaître dans les prochains jours.
Le sénateur Corker a posé une question fondamentale : pourquoi les Américains devraient-ils se soucier, outre ce que je viens de dire, et qui devrait suffire, du jugement du président et de son gouvernement ?
Il est clair que, en sus de ce que j’ai mentionné à propos de la Loi sur les responsabilités de la Syrie et de la menace pour le Moyen-Orient, nous ne pouvons pas négliger l’impact des armes chimiques et le danger qu’elles posent dans une région particulièrement instable et dans laquelle nous sommes profondément investis depuis des années parce que nous y avons de très bons amis, nous y avons des alliés, nous y avons des intérêts profonds.
Puisque la politique du président Obama est que Bachar al-Assad doit partir, priver ce dernier de la capacité de recourir aux armes chimiques ou saper sa capacité de les utiliser revient, et ce n’est pas une mince affaire, à le priver d’une arme meurtrière dans cette guerre civile en cours, et cela fait de l’effet. Cela peut contribuer à stabiliser la région, à terme.
De surcroît, nous avons d’autres intérêts stratégiques importants en matière de sécurité nationale, non pas simplement pour ce qui est de prévenir la prolifération des armes chimiques, mais aussi pour éviter la création d’un refuge sûr en Syrie, ou d’une base d’opérations, qui permette aux extrémistes d’utiliser ces armes contre nos amis. Nous savons tous que les éléments extrémistes des deux camps attendent dans les coulisses, qu’ils poussent à la roue et qu’ils se battent. Ils ne demanderaient qu’à mettre la main sur ces matériels.
Et le fait est que s’il ne se passe rien qui puisse changer l’équation ou le calcul actuel, cette région risque de devenir un espace non gouverné à un degré encore plus poussé, un espace où les extrémistes menacent même les États-Unis et, de façon plus immédiate, s’ils mettent la main sur ces armes, nos alliés et nos amis, comme la Jordanie, Israël, le Liban ou d’autres encore.
Obliger Bachar al-Assad à recalculer sa capacité d’agir en toute impunité peut l’amener à comprendre qu’il lui est impossible de s’extirper de la fâcheuse situation dans laquelle il se trouve par le recours aux gaz de combat ou aux balles. Comme vous le savez, je pense, l’objectif primordial du président est de parvenir à une solution négociée, mais pour y parvenir il faut que les parties soient prêtes à négocier.
La Syrie est également importante parce que, tout simplement – je ne peux pas vous le dire plus clairement qu’en vous demandant, à chacun d’entre vous, de vous interroger : si vous étiez Bachar al-Assad ou n’importe quel autre despote de la région, et que les États-Unis reculent devant un tel moment, avec leurs alliés et amis, quel message envoyons-nous ? Le message, c’est qu’il s’est vu accorder l’impunité, la liberté de choisir une fois de plus d’utiliser ces armes ou de nous obliger à revivre une fois de plus ce cycle, avec qui sait quel résultat après que nous avons fait l’impasse une fois. Nous lui aurions donné les moyens d’utiliser ces armes contre davantage de gens parce que nous nous serions désistés.
Forts de la même conviction concernant les événements survenus à Damas le 21 août, mes amis, nous savons que Bachar al-Assad interpréterait notre désistement ou notre silence comme une invitation à utiliser impunément ces armes. Et en créant l’impunité, nous créerons une occasion – l’occasion faite à d’autres dictateurs et terroristes de chercher à se procurer leurs propres armes de destruction massive, y compris des armes nucléaires.
Croyez-moi, il y a certaines personnes qui espèrent que le Congrès ne va pas donner une suite favorable à la requête très limitée que le président vous a soumise. L’Iran espère que vous détournerez le regard. Notre inaction lui donnerait assurément l’autorisation au minimum de se méprendre sur notre intention, voire de la mettre à l’épreuve. Le Hezbollah espère voir l’isolationnisme triompher. La Corée du Nord espère que l’ambivalence va prévaloir. Tous sont à l’écoute de notre silence. Et si nous ne répondons pas à Bachar al-Assad aujourd’hui, nous éroderons une norme vieille de cent ans. En fait, nous éroderons une norme qui protège nos soldats en temps de guerre. Et nous ouvrons la porte à des mises à l’épreuve encore plus dangereuses à l’avenir.
Nos alliés et nos partenaires comptent aussi sur nous dans cette situation. Le peuple d’Israël, de la Jordanie, de la Turquie, tous regardent ce qui se passe à leur porte et ils voient qu’ils sont potentiellement à deux doigts d’en pâtir, que des civils dans leur population pourraient se faire tuer par suite des choix de Bachar al-Assad face à l’inaction. Ils attendent anxieusement d’avoir l’assurance que notre parole n’est pas vaine. Ils attendent d’avoir l’assurance que, si les enfants allongés les uns à côté des autres dans des linceuls non tachés de sang étaient les leurs, nous tiendrions la promesse que le monde a faite. C’est ce qu’ils espèrent.
L’autorisation que sollicite le président Obama est indiscutablement dans l’intérêt de notre sécurité nationale. Nous devons envoyer à la Syrie et au monde, aux dictateurs et aux terroristes, aux alliés et aux populations civiles, le message indubitable que, quand les États-Unis d’Amérique et le monde disent « Plus jamais », nous ne voulons pas dire de temps à autre ; nous ne voulons pas dire ici ou là. Jamais veut dire jamais.
La question soumise au vote porte donc sur la reddition de comptes. Les normes et les lois qui font que le monde civilisé demeure civil ne veulent rien dire si on ne les fait pas respecter. Comme l’a dit le juge Jackson dans sa plaidoirie au procès de Nuremberg, « l’ultime étape pour éviter les guerres périodiques, qui sont inévitables dans un système d’anarchie internationale, consiste à tenir les hommes d’État responsables devant la loi. » Si les pires despotes du monde voient qu’ils peuvent impunément faire fi des interdictions contre les pires armes qui existent au monde, alors ces interdictions ne sont que des feuilles de papier. C’est ce qu’on entend par reddition de comptes, et c’est ce qu’on entend quand on dit qu’on ne peut pas rester silencieux.
Que je sois bien clair : le président Obama ne demande pas à l’Amérique de partir en guerre, et je dis cela ayant à mes côtés le secrétaire Hagel et le chef d’état-major interarmes, le général Dempsey, qui savent ce qu’est la guerre. Le sénateur McCain sait ce qu’est la guerre. Ils savent la différence entre partir en guerre et ce que le président Obama demande maintenant. Nous sommes tous d’accord pour ne pas envoyer de soldats sur le terrain. Le président Obama a fait savoir on ne peut plus clairement que nous n’avons aucune intention d’assumer la responsabilité de la guerre civile en Syrie. Il demande seulement le pouvoir de faire clairement savoir, de ne laisser aucun doute, que les États-Unis pensent vraiment ce qu’ils disent, que le monde, uni dans une déclaration multilatérale, pense vraiment ce qu’il dit. Le président demande l’autorisation de détériorer la capacité d’utilisation d’armes chimiques par Bachar al-Assad et de le dissuader d’y recourir.
Assurément, d’aucuns poseront la question, à juste titre il me semble, des conséquences involontaires de l’action. D’aucuns craignent des représailles de nature à déboucher sur un conflit plus étendu. Je ne vais pas mâcher mes mots : si Bachar al-Assad est assez arrogant, je dirais même assez stupide, pour user de représailles contre les conséquences de son comportement criminel, les États-Unis et leurs alliés ont d’amples moyens pour lui faire regretter cette décision sans avoir à partir en guerre. Même les partisans de Bachar al-Assad, la Russie et l’Iran, disent publiquement que le recours aux armes chimiques est inacceptable. Par ailleurs, certaines personnes vont soulever la question de l’étendue de notre responsabilité. À celles-ci, je dis que, quand quelqu’un tue des centaines d’enfants avec une arme dont le monde a prohibé l’emploi, nous sommes tous responsables. C’est vrai en raison des traités comme la Convention de Genève ou la Convention sur les armes chimiques et, pour nous aux États-Unis, la loi sur les responsabilités de la Syrie. Mais c’est vrai aussi parce que nous avons une humanité commune et partageons la décence la plus élémentaire.
Ce n’est pas le moment d’être isolationnistes dans un fauteuil. Ce n’est pas le moment d’être spectateurs d’un massacre. Ni notre pays ni notre conscience ne peuvent se permettre le coût du silence. Nous avons dénoncé des horreurs indicibles bien des fois dans le passé. Nous devons maintenant passer à l’action et nous devons protéger notre sécurité, protéger nos valeurs, et guider le monde, forts de la conviction que nous comprenons parfaitement notre responsabilité. Merci.
Membre du public – Monsieur le secrétaire d’État Kerry, le peuple américain dit non à la guerre.
Le sénateur Menendez, président de la commission – Silence dans la salle. Silence dans la salle.
Membre du public – Le peuple a dit non à la guerre. (Inaudible) une autre guerre. Nous ne voulons pas une autre (inaudible).
Le sénateur Menendez – Je demande au – veuillez rétablir le calme.
Membre du public – (Inaudible) personne ne veut cette guerre. Les missiles de croisière – lancer des missiles de croisière, ça veut dire une autre guerre. Le peuple américain ne veut pas de ça. M. Kerry (inaudible).
Le sénateur Menendez – Monsieur le secrétaire Hagel.
Le secrétaire d’État John Kerry – Puis-je me permettre – la première fois que j’ai fait une déposition devant cette commission, quand j’avais 27 ans, mes sentiments étaient très similaires à ceux de la personne qui proteste. Et c’est exactement pour cela qu’il est si important que nous débattions de cette question, que nous parlions de ces sujets au vu et au su du pays, et le Congrès va agir en sa qualité de représentant du peuple américain. Je crois que nous pouvons tous respecter ceux qui ont un point de vue différent, et nous respectons ce principe.

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(Fin du texte)           

































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September 5, 2013

Secretary of State John Kerry’s Opening Remarks at Senate Hearing on Syrian Crisis


03 September 2013
U.S. DEPARTMENT OF STATE
Office of the Spokesperson
September 3, 2013
REMARKS
Opening Remarks by Secretary of State John Kerry
Before the United States Senate Committee on Foreign Relations
September 3, 2013
Washington, D.C.
SECRETARY KERRY: Well, Mr. Chairman, members of the committee, Ranking Member Corker, thank you very, very much for having us here today. We look forward to this opportunity to be able to share with you President Obama’s vision with respect to not just this action, but as Senator Corker has inquired appropriately, about Syria itself and the course of action in the Middle East. Mr. Chairman, thank you for welcoming Teresa. This is her first public event since early July, so we’re all happy she’s here.
As we convene for this debate, it’s not an exaggeration to say to you, all of you, my former colleagues, that the world is watching not just to see what we decide. But it is watching to see how we make this decision – whether in a dangerous world we can still make our government speak with one voice. They want to know if America will rise to this moment and make a difference.
And the question of whether to authorize our nation to take military action is, as you have said, Mr. Chairman, and you’ve echoed, Mr. Ranking Member, this is obviously one of the most important decisions, one of the most important responsibilities of this committee or of any senator in the course of a career. The President and the Administration appreciate that you have returned quickly to the nation’s capital to address it and that you are appropriately beginning a process of focusing with great care and great precision, which is the only way to approach the potential use of military power.
Ranking Member Corker, I know that you want to discuss, as you said, why Syria matters to our national security and our strategic interests, beyond the compelling humanitarian reasons. And I look forward with Secretary Hagel and General Dempsey to laying that out here this afternoon.
But first, it is important to explain to the American people why we’re here. It’s important for people who may not have caught every component of the news over the course of the Labor Day Weekend to join us, all of us, in focusing in on what is at stake here. That’s why the President of the United States made the decision, as he did, contrary to what many people thought he would do, of asking the Congress to join in this decision. We are stronger as a nation when we do that.
So we’re here because against multiple warnings from the President of the United States, from the Congress, from our friends and allies around the world, and even from Russia and Iran, the Assad regime – and only, undeniably, the Assad regime – unleashed an outrageous chemical attack against its own citizens. We’re here because a dictator and his family’s personal enterprise, in their lust to hold onto power, were willing to infect the air of Damascus with a poison that killed innocent mothers and fathers and hundreds of their children, their lives all snuffed out by gas in the early morning August 21.
Now, some people here and there, amazingly, have questioned the evidence of this assault on conscience. I repeat here again today that only the most willful desire to avoid reality can assert that this did not occur as described or that the regime did not do it. It did happen – and the Assad regime did it.
Now, I remember Iraq. Secretary Hagel remembers Iraq. General Dempsey especially remembers Iraq. But Secretary Hagel and I and many of you sitting on the dais remember Iraq in a special way because we were here for that vote. We voted. And so we are especially sensitive, Chuck and I, to never again asking any Member of Congress to take a vote on faulty intelligence. And that is why our intelligence community has scrubbed and re-scrubbed the evidence. We have declassified unprecedented amounts of information. And we ask the American people and the rest of the world to judge that information.
We can tell you beyond any reasonable doubt that our evidence proves the Assad regime prepared for this attack, issued instructions to prepare for this attack, warned its own forces to use gas masks. We have physical evidence of where the rockets came from and when. Not one rocket landed in regime-controlled territory. Not one. All of them landed in opposition-controlled or contested territory. We have a map, physical evidence, showing every geographical point of impact – and that is concrete.
Within minutes of the attack – 90, I think, to be precise, maybe slightly shorter – the social media exploded with horrific images of the damage that had been caused – men and women, the elderly and children, sprawled on a hospital floor with no wounds, no blood – but all dead. Those scenes of human chaos and desperation were not contrived. They were real. No one could contrive such a scene.
We are certain that none of the opposition has the weapons or capacity to effect a strike of this scale – particularly from the heart of regime territory. Just think about it in logical terms, common sense. With high confidence, our intelligence community tells us that after the strike, the regime issued orders to stop, and then fretted openly, we know, about the possibility of UN inspectors discovering evidence. So then they began to systematically try to destroy it. Contrary to my discussion with their Foreign Minister, who said we have nothing to hide, I said if you have nothing to hide, then let the inspectors in today and let it be unrestricted. It wasn’t. They didn’t. It took four days of shelling before they finally allowed them in under a constrained, prearranged structure. And we now have learned that the hair and blood samples from first responders in East Damascus has tested positive for signatures of sarin.
So my colleagues, we know what happened. For all the lawyers, for all the former prosecutors, for all those who have sat on a jury – I can tell you that we know these things beyond the reasonable doubt that is the standard by which we send people to jail for the rest of their lives.
So we’re here because of what happened two weeks ago. But we’re also here because of what happened nearly a century ago, in the darkest moments of World War I and after the horror of gas warfare, when the vast majority of the world came together to declare, in no uncertain terms, that chemical weapons crossed a line of conscience and they must be banned from use forever. Over the years that followed, over 180 countries – including Iran, Iraq, and Russia – agreed and they joined the Chemical Weapons Convention. Even countries with whom we agree on little agreed on that conviction.
Now, some have tried to suggest that the debate we’re having today is about President Obama’s redline. I could not more forcefully state that is just plain and simply wrong. This debate is about the world’s redline, it’s about humanity’s redline, and it’s a redline that anyone with a conscience ought to draw.
This debate is also about Congress’s own redline. You – the United States Congress – agreed to the Chemical Weapons Convention. You – the United States Congress – passed the Syria Accountability Act, which says Syria’s chemical weapons are, quote, “threaten the security of the Middle East and the national security interests of the United States.” You – the Congress – have spoken out about grave consequences if Assad in particular used chemical weapons. So I say to you, Senator Corker, that is one of the reasons why Syria is important.
And as we debate and the world watches, as you decide and the world wonders – not whether Assad’s regime executed the worst chemical-weapons attack of the 21st century; that fact I think is now beyond question – the world wonders whether the United States of America will consent, through silence, to standing aside while this kind of brutality is allowed to happen without consequence.
In the nearly 100 years since the first global commitment against chemical weapons, only two tyrants dared to cross the world’s brightest line. Now Bashar al-Assad has become the third. And I think all of you know that history holds nothing but infamy for those criminals and history reserves also very little sympathy for their enablers.
So the reality is the gravity of this moment. That is the importance of the decision that this Congress faces and that the world is waiting to learn about in these next days.
Now, Ranking Member Corker asked a central question: Why should Americans care, beyond what I’ve just said, which ought to be enough, in the judgment of the President and this Administration?
Well, it is clear that, in addition to what I’ve just mentioned about the Syria Accountability Act and the threat to the Middle East, we cannot overlook the impact of chemical weapons and the danger that they pose to a particularly volatile area of the world in which we’ve been deeply invested for years, because we have great friends there, we have allies there, we have deep interests there.
Since President Obama’s policy is that Assad must go, it is not insignificant that to deprive him of the capacity to use chemical weapons or to degrade the capacity to use those chemical weapons actually deprives him of a lethal weapon in this ongoing civil war, and that has an impact. That can help to stabilize the region, ultimately.
In addition, we have other important strategic national security interests, not just in the prevention of the proliferation of chemical weapons, but to avoid the creation of a safe haven in Syria or a base of operations for extremists to use these weapons against our friends. All of us know that the extremes of both sides are there waiting in the wings, working and pushing and fighting. They’d be desperate to get their hands on these materials.
And the fact is that if nothing happens to begin to change the equation or the current calculation, that area can become even more so an area of ungoverned space, where those extremists threaten even the United States and more immediately, if they get their hands on those weapons, allies and friends of ours like Jordan or Israel or Lebanon or others.
Forcing Assad to change his calculation about his ability to act with impunity can contribute to his realization that he cannot gas or shoot his way out of his predicament. And as I think you know, it has been the President’s primary goal to achieve a negotiated resolution, but you got to have parties prepared to negotiate to achieve that.
Syria is also important because, quite simply – I can’t put this to you more plainly than to just ask each of you to ask yourselves if you’re Assad or if you’re any one of the other despots in that region, and the United States steps back from this moment, together with our other allies and friends, what is the message? The message is that he has been granted impunity, the freedom to choose to use the weapons again or force us to go through this cycle again, with who knows what outcome after once refusing it. We would have granted him the capacity to use these weapons against more people with greater levels of damage because we would have stood and stepped away.
As confidently as we know what happened in Damascus, my friends, on August 21st, we know that Assad would read our stepping away or our silence as an invitation to use those weapons with impunity. And in creating impunity, we will be creating opportunity – the opportunity for other dictators and/or terrorists to pursue their own weapons of mass destruction, including nuclear weapons.
I will tell you, there are some people hoping that the United States Congress doesn’t vote for this very limited request the President has put before you. Iran is hoping you look the other way. Our inaction would surely give them a permission slip for them to at least misinterpret our intention, if not to put it to the test. Hezbollah is hoping that isolationism will prevail. North Korea is hoping that ambivalence carries the day. They are all listening for our silence. And if we don’t answer Assad today, we will erode a standard that has existed for those hundred years. In fact, we will erode a standard that has protected our own troops in war. And we will invite even more dangerous tests down the road.
Our allies and our partners are also counting on us in this situation. The people of Israel, of Jordan, of Turkey each look next door and they see that they’re one stiff breeze away from the potential of being hurt, their civilians being killed as a consequence of choices Assad might take in the absence of action. They anxiously await our assurance that our word means something. They await the assurance that if the children lined up in unbloodied burial shrouds were their own children, that we would keep the world’s promise. That’s what they’re hoping.
So the authorization that President Obama seeks is definitively in our national security interest. We need to send to Syria and to the world, to dictators and to terrorists, to allies, and to civilians alike the unmistakable message that when the United States of America and the world say “Never again,” we don’t mean sometimes, we don’t mean somewhere. Never means never.
So this is a vote for accountability. Norms and laws that keep the civilized world civil mean nothing if they’re not enforced. As Justice Jackson said in his opening argument at the Nuremberg trials, “The ultimate step in avoiding periodic wars, which are inevitable in a system of international lawlessness, is to make statesmen responsible to the law.” If the world’s worst despots see that they can flout with impunity prohibitions against the world’s worst weapons, then those prohibitions are just pieces of paper. That is what we mean by accountability, and that is what we mean by we cannot be silent.
So let me be clear: President Obama is not asking America to go to war, and I say that sitting next to two men, Secretary Hagel and Chairman Dempsey, who know what war is. Senator McCain knows what war is. They know the difference between going to war and what President Obama is requesting now. We all agree there will be no American boots on the ground. The President has made crystal clear we have no intention of assuming responsibility for Syria’s civil war. He is asking only for the power to make clear, to make certain that the United States means what we say, that the world, when we join together in a multilateral statement, mean what we say. He’s asking for authorization to degrade and deter Bashar al-Assad’s capacity to use chemical weapons.
Now, some will undoubtedly ask, and I think appropriately, what about the unintended consequences of action? Some fear a retaliation that leads to a larger conflict. Well, let me put it bluntly: If Assad is arrogant enough, and I would say foolish enough, to retaliate to the consequences of his own criminal activity, the United States and our allies have ample ways to make him regret that decision without going to war. Even Assad’s supporters, Russia and Iran, say publicly that the use of chemical weapons is unacceptable. Now, some will also question the extent of our responsibility. To them, I say when someone kills hundreds of children with a weapon the world has banned, we are all responsible. That is true because of treaties like the Geneva Convention and the Chemical Weapons Convention, and for us, the Syria Accountability Act. But it’s also true because we share a common humanity and a common decency.
This is not the time for armchair isolationism. This is not the time to be spectators to slaughter. Neither our country nor our conscience can afford the cost of silence. We have spoken up against unspeakable horror many times in the past. Now, we must stand up and act, and we must protect our security, protect our values, and lead the world with conviction that is clear about our responsibility. Thank you.
AUDIENCE MEMBER: Secretary Kerry, the American people say no war.
CHAIRMAN MENENDEZ: The committee will be in order. The committee will be in order.
AUDIENCE MEMBER: The people have said no war. (Inaudible) another war. We don’t want another (inaudible).
CHAIRMAN MENENDEZ: I’d ask the – please to restore order.
AUDIENCE MEMBER: (Inaudible) nobody wants this war. Cruise missiles – launching cruise missiles means another war. The American people do not want this. Secretary Kerry (inaudible).
CHAIRMAN MENENDEZ: Secretary Hagel.
SECRETARY KERRY: Can I just say before you – the first time I testified before this committee, when I was 27 years old, I had feelings very similar to that protester. And I would just say that is exactly why it is so important that we are all here having this debate, talking about these things before the country, and that the Congress itself will act representing the American people. And I think we all can respect those who have a different point of view, and we do.


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