On
reste toujours atterrées, parfois incrédules face aux chiffres annoncés
par les Nations Unies, ou les différents pays, sur le nombre de femmes
victimes de violences, qu'elles résident dans des zones de conflit ou
dans des régions en paix. Ainsi en 2012, selon les données de ONU Femmes,
une femme sur deux, décédée de mort violente, dans le monde, l'a été
sous les coups d'un proche, époux ou membre de sa famille. Pour les
hommes, un homme sur vingt a disparu dans des conditions similaires...
Aucune région du monde, aucune culture, aucune classe sociale n'échappe à cette volonté masculine d'assujettir les femmes par des coups, de l'enfermement ou des menaces. Que faire face à ce fléau, élevé par l'OMS au rang d'épidémie mondiale ? Les femmes sont souvent pétrifiées par ce qui leur arrive : honte indicible d'aimer un bourreau, d'être ainsi traitées devant leur enfants, incapables ou empêchées de porter plainte, par par leurs proches, ou découragées de le faire par les autorités susceptibles de les accueillir (quand celles-ci existent).
Alors que faire ? Les Nations Unies ont transformé, depuis 2014, leur "journée internationale contre les violences faites aux femmes" en deux semaines d'action pour sensibiliser, prévenir, informer. Cette année 2015, leur campagne se colore, il faut "oranger le monde", proclament-ils, pour lancer un mouvement de réversibilité de ces violences éternelles : coups, viols et autres crimes sexuels, mariages forcés et précoces, exploitation sexuelle et trafic d'être humains (98% de ces personnes sont des femmes), mutilations génitales féminines, au premier rang desquelles l'excision. Les MGF sont d'ailleurs les seules à avoir diminué sur terre, ce qui peut être encourageant pour les autres, tant ces campagnes ressemblent à l'utilisation d'une cuillère pour vider un océan.
En France, en ce moment de deuil national consécutif aux attentats du 13 novembre, le ministère des Droits des femmes, se mobilise a minima, en proposant un échange, un "tchat" avec des internautes. Le 11 novembre, Pascale Boistard, la secrétaire d'Etat en charge de ce portefeuille avait lancé une campagne contre le harcèlement dans les transports... Et on se souvient de la diffusion au début de cet automne d'un film choc, Impardonnable, de Nicolas Doretti, conçu à partir des lettres de maris violents à leurs femmes, publiées par une ONG péruvienne : des phrases et mensonges sans cesse répétées, symptômes d'inconscience, de sentiment de toute puissance et d'incompréhension face à la douleur, et parfois à la réaction salutaire des victimes.
La palme de l'imagination revient sans doute cette année au Royaume-Uni
dont la police a diffusé un clip contre les crimes sexuels, selon un
scénario "universel" dans ce pays ou le thé est sacré, avec cette
question : feriez vous boire de force du thé à vos invités ? Tea or not
tea ?
Il ne pourra y avoir d’égalité entre les
femmes et les hommes tant que les violences faites aux femmes
continueront à faire système
Danielle Bousquet
Et en France ? Depuis 2006, 1.259 femmes y ont été tuées par leur
conjoint ou ex-conjoint. Elles étaient encore 118 l'an dernier, soit une
quasiment tous les trois jours, rappelle le HCEfh,
Haut commissariat à l'égalité entre les femmes et les hommes, à la
veille de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux
femmes. « Il ne pourra y avoir d’égalité entre les femmes et les
hommes tant que les violences faites aux femmes continueront à faire
système, tant que ces violences continueront à alimenter l’insécurité
des femmes, entraver leur liberté, affecter leur santé. Mais également
celles des enfants : 143 000 enfants vivent dans des ménages où des
femmes adultes sont victimes de violences conjugales, physiques et/ou
sexuelles » écrit Danielle Bousquet, présidente de HCEfh.Danielle Bousquet
Universalité des coups
En Belgique, la proportion est encore plus élevée : en 2013, 162 femmes y ont perdu la vie à la suite de violences conjugales. En Amérique latine, on a recours au concept de "féminicide" pour décrire des meurtres "gratuits" de femmes uniquement parce que femmes. Aux Etats Unis, au Canada, des masculinistes tirent à vue sur leurs concitoyennes parce que la gent féminine est objet de toutes leurs détestations.Aucune région du monde, aucune culture, aucune classe sociale n'échappe à cette volonté masculine d'assujettir les femmes par des coups, de l'enfermement ou des menaces. Que faire face à ce fléau, élevé par l'OMS au rang d'épidémie mondiale ? Les femmes sont souvent pétrifiées par ce qui leur arrive : honte indicible d'aimer un bourreau, d'être ainsi traitées devant leur enfants, incapables ou empêchées de porter plainte, par par leurs proches, ou découragées de le faire par les autorités susceptibles de les accueillir (quand celles-ci existent).
Un puits sans fond
Alors que faire ? Les Nations Unies ont transformé, depuis 2014, leur "journée internationale contre les violences faites aux femmes" en deux semaines d'action pour sensibiliser, prévenir, informer. Cette année 2015, leur campagne se colore, il faut "oranger le monde", proclament-ils, pour lancer un mouvement de réversibilité de ces violences éternelles : coups, viols et autres crimes sexuels, mariages forcés et précoces, exploitation sexuelle et trafic d'être humains (98% de ces personnes sont des femmes), mutilations génitales féminines, au premier rang desquelles l'excision. Les MGF sont d'ailleurs les seules à avoir diminué sur terre, ce qui peut être encourageant pour les autres, tant ces campagnes ressemblent à l'utilisation d'une cuillère pour vider un océan.
En joignant nos forces, nous pourrons mettre fin à la violence à l’égard des femmes et les filles
Phumzile Mlambo-Ngcuka
« La couleur orange a été choisie afin de symboliser l’avènement
d’un avenir plus brillant, à l’abri de la violence contre les femmes. Au
cours de ces 16 journées d’activisme, des manifestations seront
organisées à travers le monde, et des sites très connus de nombreuses
grandes villes seront illuminés en orange pour sensibiliser l’opinion à
cet enjeu et stimuler l’action. Pendant cette période, je me rendrai
dans ces différentes villes afin d’attirer l’attention sur des
interventions innovantes actuellement déployées sur le terrain pour
affronter la violence à l’égard des femmes et des filles. En joignant
nos forces, nous pourrons mettre fin à la violence à l’égard des femmes
et les filles », espère la Sud-Africaine Phumzile Mlambo-Ngcuka,
Sous-Secrétaire générale des Nations Unies et Directrice exécutive d’ONU
Femmes.Phumzile Mlambo-Ngcuka
A redécouvrir dans Terriennes
> HeForShe, une campagne au masculin féministe lancée par Phumzile Mlambo-Ngcuka
Ailleurs, pays par pays, on s’organise : à Bruxelles,la secrétaire
d'Etat à l'Egalité des chances Bianca Debaets a donné le coup d'envoi de
la campagne « Domino SOS Violence » et appelle les victimes à se manifester en déposant plainte et à briser le tabou qui entoure ces actes.> HeForShe, une campagne au masculin féministe lancée par Phumzile Mlambo-Ngcuka
En France, en ce moment de deuil national consécutif aux attentats du 13 novembre, le ministère des Droits des femmes, se mobilise a minima, en proposant un échange, un "tchat" avec des internautes. Le 11 novembre, Pascale Boistard, la secrétaire d'Etat en charge de ce portefeuille avait lancé une campagne contre le harcèlement dans les transports... Et on se souvient de la diffusion au début de cet automne d'un film choc, Impardonnable, de Nicolas Doretti, conçu à partir des lettres de maris violents à leurs femmes, publiées par une ONG péruvienne : des phrases et mensonges sans cesse répétées, symptômes d'inconscience, de sentiment de toute puissance et d'incompréhension face à la douleur, et parfois à la réaction salutaire des victimes.
A retrouver dans Terriennes :
> "Je ne le ferai plus" : au Pérou, les mensonges récurrents des compagnons violents
> "Je ne le ferai plus" : au Pérou, les mensonges récurrents des compagnons violents
En France, le coût exorbitant, humain et financier, des violences contre les femmes
Isabelle, Sylvie, Amina, Géraldine, Samia… Depuis 2006, 1.259 femmes ont été tuées en France par leur conjoint ou ex-conjoint. Elles étaient encore 118 l'an dernier, rappelle le HCEfh, avant la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Les morts violentes dans le couple ont représenté 18,74% des homicides non crapuleux et violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner constatés en 2014, selon le ministère de l'Intérieur. Les chiffres de 2015 ne seront connus qu'en 2016.
Ces meurtres résultent d’histoires singulières mais sont tous liés par un même type de violence: des violences "féminicides", faites aux femmes parce qu’elles sont des femmes, relève le HCEfh.
De novembre 2014 à octobre 2015, 82.635 faits de violence commis par conjoint ou ex-conjoint ont aussi été recensés par les forces de sécurité en France métropolitaine. Dans 88% des cas, la victime est une femme.
Tous les âges, tous les milieux
Chaque année en France, 84.000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont violées ou victimes de tentatives de viol. Seulement une sur dix déclare avoir déposé plainte, recense l'Observatoire national des violences faites aux femmes. Dans 90% des cas, les femmes connaissent leur agresseur.
En 2014, 15.882 hommes et 561 femmes ont été condamnés pour des crimes ou des délits sur leur conjoint ou ex-conjoint. La même année, 765 hommes et 6 femmes ont été condamnés pour viol sur des personnes de plus de 15 ans.
Conséquences sur la liberté, la santé, et l'entourage
Ces violences alimentent l’insécurité des femmes, entravent leur liberté, affectent leur santé mais aussi celles des 143.000 enfants qui vivent dans des ménages où des femmes sont victimes de violences. 42% ont moins de 6 ans.
Depuis 2000, de nombreuses enquêtes ont montré la diversité de ces violences, de nature physique, sexuelle, psychologique, économique, dans l'espace privé ou public.
Ainsi, une femme sur cinq déclare avoir déjà subi du harcèlement sexuel au travail et 80% être régulièrement victimes d'attitudes sexistes, selon le groupe Egalis qui accompagne collectivités, entreprises et organisations internationales dans la mise en oeuvre de l'égalité femmes-hommes.
Le coût annuel des violences contre les femmes s'élève en France à 2,4 milliards d'euros, dont 1,1 milliard en perte de production.
Isabelle, Sylvie, Amina, Géraldine, Samia… Depuis 2006, 1.259 femmes ont été tuées en France par leur conjoint ou ex-conjoint. Elles étaient encore 118 l'an dernier, rappelle le HCEfh, avant la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Les morts violentes dans le couple ont représenté 18,74% des homicides non crapuleux et violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner constatés en 2014, selon le ministère de l'Intérieur. Les chiffres de 2015 ne seront connus qu'en 2016.
Ces meurtres résultent d’histoires singulières mais sont tous liés par un même type de violence: des violences "féminicides", faites aux femmes parce qu’elles sont des femmes, relève le HCEfh.
De novembre 2014 à octobre 2015, 82.635 faits de violence commis par conjoint ou ex-conjoint ont aussi été recensés par les forces de sécurité en France métropolitaine. Dans 88% des cas, la victime est une femme.
Tous les âges, tous les milieux
Chaque année en France, 84.000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont violées ou victimes de tentatives de viol. Seulement une sur dix déclare avoir déposé plainte, recense l'Observatoire national des violences faites aux femmes. Dans 90% des cas, les femmes connaissent leur agresseur.
En 2014, 15.882 hommes et 561 femmes ont été condamnés pour des crimes ou des délits sur leur conjoint ou ex-conjoint. La même année, 765 hommes et 6 femmes ont été condamnés pour viol sur des personnes de plus de 15 ans.
Conséquences sur la liberté, la santé, et l'entourage
Ces violences alimentent l’insécurité des femmes, entravent leur liberté, affectent leur santé mais aussi celles des 143.000 enfants qui vivent dans des ménages où des femmes sont victimes de violences. 42% ont moins de 6 ans.
Depuis 2000, de nombreuses enquêtes ont montré la diversité de ces violences, de nature physique, sexuelle, psychologique, économique, dans l'espace privé ou public.
Ainsi, une femme sur cinq déclare avoir déjà subi du harcèlement sexuel au travail et 80% être régulièrement victimes d'attitudes sexistes, selon le groupe Egalis qui accompagne collectivités, entreprises et organisations internationales dans la mise en oeuvre de l'égalité femmes-hommes.
Le coût annuel des violences contre les femmes s'élève en France à 2,4 milliards d'euros, dont 1,1 milliard en perte de production.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire